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Ensemble dans les champs: une visite à la ferme solidaire Radiesli

Certaines exploitations agricoles impliquent leurs clients dans le processus de production. C’est le cas de l’initiative agricole solidaire Radiesli. Reportage dans les champs.

D’emblée, la journaliste est en porte-à-faux. Ce qu’elle a pris pour du maïs en retard de croissance n’est en fait que des salsifis. Puis elle confond le feuillage des betteraves avec des côtes de bettes. Du blé noir, des haricots noirs et des pommes de terre poussent également dans les champs étroits mais longs, à Worb, proche de Berne. Ils font partie de la ferme de l’association radiesli et de la société radiesli GmbH qui lui est liée et qui souhaite rapprocher l’agriculture de la population.

Travail communautaire à la ferme Radiesli : ici, on récolte des betteraves.
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Travail communautaire à la ferme Radiesli : ici, on récolte des betteraves. © Andrea Ammon

Travail et plaisir combinés : Lors du concert annuel de sarclage, un violoncelliste et un accordéoniste accompagnent les membres de Radiesli en désherbant le champ d'oignons.
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Travail et plaisir combinés : Lors du concert annuel de sarclage, un violoncelliste et un accordéoniste accompagnent les membres de Radiesli en désherbant le champ d'oignons.© AdobeStock

Solidaires de la nature et des hommes

Radiesli est l’une des initiatives d’agriculture solidaire les plus anciennes de Suisse alémanique. Elle a fêté ses dix ans l’an dernier. En Suisse romande, cette approche est établie depuis plus longtemps. «Les jardins de Cocagne», fondée en 1978 à Cartigny (GE) est l’une des premières réalisations d’agriculture contractuelle. Ce projet repose sur un modèle où les agriculteurs et les particuliers travaillentensemble. Les particuliers s’engagent dans le projet en aidant à la production. «Les engrais de synthèse et les produits chimiques sont bannis et renonce également au chauffage artificiel des serres. 

Aujourd’hui, elle produit quelque 60 variétés de légumes sur ses dix hectares de champs et de prairies, des pois jusqu’aux oignons, dont plusieurs sortes ProSpecieRara, en passant par les haricots mange-tout. Au Radiesli, des céréales et des légumineuses sont aussi cultivées. Neuf vaches vivent également sur l’exploitation. Leurs déjections bouclent le cycle des nutriments et fertilisent les sols. Elles mangent exclusivement le fourrage issu de la ferme. Cette dernière vend aussi de viande et propose des produits plus exotiques.

Qu'est-ce qu'il y a à manger cette semaine ? Emballés dans des sacs, les membres de Radiesli peuvent venir chercher leur part de récolte dans différents dépôts à Berne et dans les communes environnantes.
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Qu'est-ce qu'il y a à manger cette semaine ? Emballés dans des sacs, les membres de Radiesli peuvent venir chercher leur part de récolte dans différents dépôts à Berne et dans les communes environnantes.© Vitja Golikov

L'espace de travail du Radieslihof est rarement aussi vide. On y travaille souvent en groupe, par exemple pour replanter, préparer, emballer.
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L'espace de travail du Radieslihof est rarement aussi vide. On y travaille souvent en groupe, par exemple pour replanter, préparer, emballer. © zVg/radiesli

Des champs à l’assiette

La ferme de Radiesli est financièrement soutenue par les quelque 400 membres actuels qui doivent acheter au moins deux parts (500 francs) au moment de leur adhésion. Ils acquièrent des parts sociales à leur entrée et s’acquittent ensuite d’une contribution annuelle d’exploitation dépendant des produits qu’ils souhaitent. En outre, ils s’engagent à participer au moins deux demi-journées par an à des travaux pour la production des légumes. Les membres peuvent récupérer leurs produits dans différents dépôts à Berne et dans les communes environnantes. Radiesli peut leur fournir des légumes de saison, des céréales, de la viande de boeuf et des oeufs en fonction de leurs besoins et des aliments disponibles. Contrairement aux commerces classiques, les légumes n’ont pas besoin de répondre à des critères de tailles ou de formes prédéfinies. Les sacs contiennent donc des légumes biscornus ou de petite taille qui seraient invendables dans les grandes surfaces.

Proche de l’aliment

Pour Daniel Arn, de la section Politique du paysage de l’OFEV, il est bon que les clients voient de leurs propres yeux d’où viennent les aliments, «ils mesurent ainsi le travail accompli, ce qui réduit le gaspillage.» L’approche le convainc également d’un point de vue social. «Grâce à ce type d’initiatives, les fermiers ne supportent plus seuls l’exacerbation des risques liés aux changements climatiques. Lorsque les récoltes baissent, ils peuvent compter sur la solidarité des membres de l’association.»

Outre-Sarine, il y a pour le moment quinze initiatives solidaires affiliées à l’association régionale d’agriculture contractuelle. Son équivalent en Suisse romande, la Fédération Romande d’Agriculture Contractuelle de Proximité (FRACP), compte, elle, 32 exploitations.

Des fleurs dans le caddie, des faucons dans la haie

C’est dans la salle de travail – une ancienne étable – que bat le coeur de Radiesli. On y trouve de longues tables, sur lesquelles les membres parent les légumes ou emballent les parts de récolte. Les jeunes plants y sont repiqués (jusqu’à 20 000 par an). Les nombreux gants de travail qui sèchent à l’extérieur, ainsi que les innombrables râteaux montrent d’ailleurs que le travail manuel n’est pas un vain mot ici.

Entre les bâtiments de l’exploitation trônent des chariots peints en jaune et débordant de mufliers, de t’agites et d’autres fleurs. «Nous aimons les fleurs. D’autant plus qu’elles nous rendent service, explique Marion Salzmann. Près des choux, elles attirent des insectes utiles qui mangent des nuisibles. Elles nous évitent de devoir poser des filets.»

Au-delà des surfaces dévolues à l’agriculture, Radiesli entretient également un grand nombre d’éléments précieux pour le paysage, notamment des haies ou des jachères et contribue ce faisant à la biodiversité. Et Marion Salzmann de préciser: «Nous accueillons désormais des alouettes, des faucons et même une hermine. C’est un plaisir de voir à quel point les choses peuvent changer en peu de temps». Quelque chose a également changé chez la journaliste: à l’avenir, elle saura différencier les salsifis et les betteraves.

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